Chères familles, chers amis, On prend enfin le temps de vous décrire notre séjour à l’ouest du pays ! Nous vous avions laissé à la veille de notre départ pour Sisophon après une belle semaine au centre Enfants Du Mékong de Battambang. Et c’est dans les dernières heures de la nuit que nous avons pris la route ce samedi-là vers Sisophon. On savoure la magie des coups de pédales à travers une ville qui dort encore, on a la route pour nous et il fait encore bien frais, grand privilège car ces temps-ci les températures grimpent à vue d’œil et de gouttes de sueurs ! 80 kilomètres sur une nationale où le revêtement vient tout juste d’être terminé et nous voilà arrivées au Centre EDM de Sisophon. Nous y sommes accueillies par Martin, le responsable Cambodge d’Enfants du Mékong et Blandine, stagiaire EDM au Centre qui nous fait visiter ce petit coin de paradis. Le centre de Sisophon est le plus grand centre EDM du pays : 116 jeunes y sont logés, répartis dans une petite dizaine de foyers. Chaque foyer est géré par un adulte référent qui y vit avec son conjoint et ses enfants. On ressent tout de suite le climat familial et bienveillant de ces maisons, une vraie chance pour tous ces jeunes éloignés de leurs proches. Clo loge dans le « foyer PV », elle partage un dortoir avec des jeunes lycéennes de 15 à 17 ans et je suis dans le « foyer Sopeuth » avec des collégiennes de 12 à 14 ans. On est ravies de vivre avec ces jeunes cambodgiennes qui sont hyper enthousiastes à l’idée de partager leurs repas et leurs nuits avec des « barang » (surnom donné aux français), elles s’émerveillent devant chacune de nos affaires : nos livres, nos sacs de couchage, nos fringues et ne manquent pas de nous questionner sur toutes les activités qui rythment nos journées (where you go ?). Les échanges sont tout de même un peu compliqués car elles parlent très peu anglais, et on a beau mettre toute notre énergie dans l’apprentissage du khmer on se retrouve vite limitées ! On partage tout de même de chouettes moments ensemble, les filles sont fans de karaoké, elles passent leurs journées à chanter en khmer, en anglais et même en français ! On s’essaie alors aux Kids United avec le ukulélé et on improvise un concert avec elles, leurs sourires et notre joie valaient bien le fait de porter le youkou sur tous ces kilomètres ! Chaque matin, nous sommes réveillées aux aurores par nos nouvelles colocs qui se lèvent dès 5h pour réviser avant le début des extraclass Enfants du Mékong à 6h. On en profite pour se rendre sur le marché de Sisophon, le fait de se poser quelques semaines ici nous permet de prendre nos marques. On est accueillies chaleureusement tous les matins par la même famille qui tient un stand sur le marché et nous sert un délicieux iced coffee, des baguettes (presque) aussi bonnes qu’en France et quelques accompagnements plus ou moins appétissants ! Clo leur achète ses premières claquettes, qu’elle porte avec de superbes chaussettes décath, ça y est le style khmer est adopté ! A 7h30 nous avons rdv au bureau du centre où notre mission pour les 15 prochains jours est d’accompagner les travailleurs sociaux en distribution de parrainages sur leurs différents programmes. Cela consiste à donner aux filleuls des kits d’hygiène, des sacs de riz, des cahiers, des crayons, des nattes, un peu d’argent pour leurs petit-déjeuners … Nous en profitons pour échanger avec les filleuls et pouvoir ainsi donner de leurs nouvelles à leurs parrains. Chacun nous décrit sa famille, ses rêves, ses loisirs… On est impressionnées par leur résilience : ils viennent tous de familles très pauvres, ils n’ont pour la plupart aucun exemple auxquel se référer pour se construire et pourtant ils travaillent comme des dingues pour devenir un jour professeur, médecin, mécanicien, policier … On admire leur volonté et leurs sourires en toutes circonstances c’est fou, et super inspirant ! Le week end arrive et pas n’importe lequel puisque lundi 8 mars c’est la journée de la femme, et ici au Cambodge ce jour est férié ! Nous en profitons pour nous rendre à Siem Reap avec Blandine, Solène et Philomène, volontaires dans différentes ONG autour de Sisophon. On est ravies de pouvoir visiter cette belle ville (un de nos top 3 depuis notre arrivée au Cambodge !), on fait le plein de bonne bouffe occidentale (vrai plaisir pour les gourmandes que nous sommes) et on retrouve avec joie un peu de confort dans notre guesthouse. On achète dès notre arrivée un pass pour visiter la cité d’Angkor qui nous permet d’y accéder dès le samedi soir. On enfourche alors nos scooters fraichement loués (les vélos sont restés à Siso, 200 km + visite de la ville en 2 jours ça aurait été un peu short) pour aller contempler le coucher de soleil, en buvant une bière bien fraîche devant Angkor Wat. Le lendemain à 5h (on garde les bonnes habitudes), on se met en route pour aller découvrir les temples … Cette journée est magique, on admire le lever de soleil sur Angkor Wat, temple principal de la Cité d’Angkor. Les couleurs sont incroyables, on a l’impression d’être hors du temps au milieu de ces géants construits par le roi Suryavarma II il y’a plus de 1000 ans. La cité contient plus de 200 temples, nous visitons les principaux qui sont tous très différents : le Bayon où vadrouillent des singes, le Ta Prohm où un énorme arbre pousse en plein milieu (!), le Preah Kan qui s’étend tout en longueur, le Neak Pean auquel on accède par une passerelle qui traverse un lac. Le lieu est vraiment grandiose et la visite en scooter particulièrement agréable car la vitesse nous apporte de l’air frais. On traverse pour la première fois depuis le début de notre trip de belles forêts, la végétation est préservée et c’est très rare au Cambodge. La sensation de liberté que nous procure la balade est vraiment grisante (mais promis on reste prudente) ! Puis on rentre à Siso, la semaine s’annonce intense car notre programme est bien chargé : distribution de parrainages, rédaction de rapports pour les parrains, et surtout rencontres avec les filleuls pour lesquels nous sommes venues jusqu’ici. On se rend à Poipet, à la frontière thaïe, pour rencontrer Sophors, la filleule de la famille Baudens. C’est une jeune fille de 12 ans qui nous impressionne par son sourire et sa motivation. Elle est très reconnaissante envers EDM qui lui offre l’opportunité de devenir un jour prof de khmer, son rêve (comme la plupart des élèves ici car leurs profs sont leurs seules figures de référence). Nous rencontrons Maily, la filleule de la famille Pascal. Cette jeune de 11 ans nous touche particulièrement car ses parents ont abandonné leurs enfants pour aller travailler en Thaïlande (où ils trouvent plus facilement du travail) ; elle vit donc avec sa grand-mère. Passée l’émotion qui la submerge lorsqu’elle nous parle de sa famille, elle nous décrit son projet d’avenir en tant que prof de Physique-Chimie avec une volonté et une joie qui encore une fois nous marque profondément, Mr Sophoan le travailleur social responsable du programme où se trouve cette filleule la coache avec entrain, c’est trop touchant de voir cet ancien filleul EDM soutenir cette petite ! On découvre aussi Rong, le filleul de la famille Delecourt. Il a 14 ans et est en CE2, le retard est grand et pourtant il est lui aussi super motivé par les études et rêve de devenir mécanicien. Ses parents sont chiffoniers, on les voit partir tous ensemble sur une moto tirant une énorme charrette, le tout conduit par le père, aveugle ! On hallucine ! Le lendemain, alors qu’on rédigeait quelques lettres d’informations pour les parrains, Martin apparaît et propose de nous emmener à l’inauguration de la maison d’une filleule, construite et financée par le projet Mérieux (projet de soutien financier EDM pour les familles les plus pauvres des filleuls parrainés), on accepte de suite et on ne regrette pas une seconde. On se retrouve au cœur d’une cérémonie devant une maison dressée sur de hauts pilotis (pour éviter les inondations lors de la mousson). La mère de famille est super reconnaissante envers Martin et EDM et chacun fait un petit discours en khmer auquel on ne comprend qu’un mot : « orkoun » (merci). Les khmers nous bombardent de photos, ils nous demandent de poser entre le gouverneur, les militaires, les travailleurs sociaux, on a des crampes à force de sourire mais ça a l’air de leur faire tant plaisir ! Le gouverneur nous emmène ensuite visiter une réserve naturelle d’oiseaux, à laquelle on accède après quelques kilomètres de pistes qu’on traverse dans la remorque du pick-up de Martin. La route en valait la peine car on découvre des centaines d’oiseaux qui semblent danser dans le ciel, et en-dessous un grand lac plein de poissons. Clo essaie d’en attraper quelques uns, qu’on aurait bien mangés pour l’apéro ! Samedi 13 mars c’est l’anniversaire de Blandine, notre pote française en stage au centre de Sisophon. On passe l’après-midi aux fourneaux avec les étudiantes de son foyer pour leur apprendre à cuisiner le plus français de tous les plats : des spaghettis bolo, et des crêpes ! Quel kiff de passer ce temps ensemble et de les voir mettre autant de cœur à préparer une belle surprise pour Blandine, l’ambiance est super chouette ! On s’échappe un petit moment pour aller enregistrer les élèves du cours de français niveau B1 qui depuis quelques semaines s’entrainent 3 fois par semaine avec leur teacher Blandine à chanter la chanson « Donnez-moi » des Frangines, ils sont à fond autant sur le chant que pour la choré et leur ardeur est contagieuse ! Le soir après notre festin, nous retrouvons tous les jeunes du centre pour la Fête de la Francophonie organisée par Mr Pintong, un des professeurs de français du centre EDM. Au programme : danses khmères par les filles de nos foyers, pièces de théâtre françaises, chant par les élèves du cours de français, quizz de culture générale et remise des diplômes de leur dernier examen de français. La joie et la fraternité qui unissent tous ces filleuls nous touchent, on dirait une grande famille qui se retrouve pour faire la fête, le tout sous le regard paternel de Martin qui veille sur chacun de ces jeunes depuis 25 ans. Le départ approche, nous devons nous rendre à Battambang pour rencontrer 2 filleules et nous apprenons que la situation sanitaire se resserre au Cambodge. Ni une ni deux, nous voilà de retour sur nos biclous, prêtes à traverser la belle ligne toute droite qui sépare Sisophon de Battambang. On est ravies de reprendre la route après ces 2 semaines de pause, on prend vite goût à l’itinérance et à la sensation de liberté qu’offre le voyage à vélo. De retour dans le centre de Battambang, nous retrouvons avec joie Caroline, Christophe et leurs 2 filles pour un séjour à durée indéterminée … En effet nous participons le lendemain à notre dernière visite de filleul avant on ne sait combien de temps. On profite donc à fond de cette journée à Banon (au sud de Battambang) où nous suivons Laura (volontaire bambou à Battambang) pour visiter les filleuls du village. On retrouve notre âme d’enfant en jouant à une sorte de béret revisité et à un 1, 2, 3 soleil bien animé, le tout sous le regard bienveillant de Laura qui prépare pour chacune de ses visites des jeux en lien avec un programme pédagogique adapté pour les filleuls. Quelle chance pour chacun d’eux d’être aussi bien pris en charge par les volontaires bambous qui se donnent au max pour les faire grandir ! Nous rencontrons Kimly, la filleule des Duprez qui commence tout juste son parrainage, elle arbore un grand sourire plein de douceur en nous expliquant qu’elle (aussi) rêve de devenir professeure. Elle vient d’une famille de 7 enfants, comme la famille qui la parraine, marrant ! Nous partons ensuite à la rencontre de Liza parrainée par la famille de Clotilde. Nous avons la chance d’être accueillies chez elle et de rencontrer sa famille. Leur maison est très (très) simple, ils dorment tous sur une planche de bois derrière la cuisine. Au dessus du lit, comme chez Kimsan, trône le beau diplôme EDM car Liza est une élève appliquée qui nous impressionne par son bon niveau d’anglais ! L’émotion est vive quand elle discute avec Clotilde, toutes les deux sont super émues de se rencontrer comme des sœurs. Liza lui remet une belle lettre, écrite en anglais à destination de la famille Gaillot, qui arrivera sûrement plus vite en voyageant dans nos sacoches que par la poste, surtout en ce moment ! Le soir Laura nous invite à dîner dans le foyer d’étudiants qu’elle gère à Battambang. Chaque soir après leurs cours à l’université une petite dizaine d’étudiants s’y retrouvent pour dîner et dormir. On se régale d’une purée mousseline au roquefort, trop trop bonne, enfin à notre goût car les étudiants sont dégoûtés par l’odeur du fromage, on se marre bien en les voyant croquer dans le roquefort !
Nous pensions reprendre la route dès aujourd’hui pour rencontrer d’autres filleuls dans le nord du pays mais le covid gagne du terrain au Cambodge, les provinces ferment et voyager d’une province à l’autre en étant blanc est de plus en plus compliqué. Nous avons donc pris la décision de prolonger notre séjour à Battambang en suivant de près les décisions du gouverneur. On espère vraiment découvrir le centre EDM de Banteay Chmar ainsi que l’atelier des Soieries du Mékong puiz rencontrer les volontaires et les filleuls de Samrong et de Preah Vihear avant de repartir vers Phnom Penh, mais seul l’avenir nous le dira ! On apprend ici à se laisser vivre et à faire place à l’imprévu, qui aurait cru il y’a quelques mois que nous parcourerions aussi librement ces 1000 premiers km ? Et que nous aurions la chance de faire toutes ces rencontres ? Martin nous expliquait il y’a quelques jours l’attitude de constant lâcher-prise des khmers qui leur vient du bouddhisme ; ils vivent un jour à la fois sans se soucier du lendemain, ils croulent sous les dettes et ne voient pas l’intérêt d’économiser, il est temps d’adopter leur zen-atittude, de faire confiance et de croiser les doigts ! On vous embrasse, Flav et Clo
5 Commentaires
Xavier
19/3/2021 02:24:01 pm
Merci et bravo pour ces belles nouvelles et ces témoignages émouvants !
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BM et BP de Marcq
19/3/2021 03:04:57 pm
C’est avec beaucoup d’intérêt que nous lisons votre lettre qui nous permet de participer à vos rencontres et à vos découvertes.
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Marie-Claude
20/3/2021 12:42:30 am
Bravo les filles ! Qu'ils sont beaux tous ces sourires ! On aimerait être à vos côtés pour profiter de tous ces moments de découverte, d'émotion, de rire !
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Mon beau vélo
20/3/2021 06:45:11 am
Top les filles !
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Tes grands-parents de P
20/3/2021 10:37:05 am
Toutes cette joie dans ces visages.....
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Août 2021
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